Bœuf Qualité Plus : Produire un aliment de qualité
Eric Léonard agronome
Grâce au projet Bœuf Qualité Plus (BQP), un échantillonnage très représentatif de la production québécoise a été reproduit. Le but de ce projet d’envergure était d’abord d’améliorer la qualité et l’uniformité du bouvillon et de la viande de bœuf produite au Québec ainsi que de développer des outils visant à favoriser la standardisation du bœuf québécois. Pour ce faire, 177 producteurs, correspondant à plus de 90 % du bœuf produit en 1999, ont été rencontrés et sollicités pour remplir un questionnaire concernant leur méthode de fonctionnement. Suite à ce questionnaire exhaustif, des grilles d’évaluation ont été réalisées pour permettre aux producteurs de comparer leurs résultats à ceux de la moyenne.
La majorité des producteurs cherchent à produire des carcasses de meilleure qualité. Que faut-il faire pour continuer à s’améliorer? Il y a plusieurs facteurs à rassembler qui peuvent influencer la qualité de la viande que nous mangerons. Il faut de bons veaux, une bonne alimentation et de bonnes habitudes d’élevage.
Un bon veau
Un bon veau " est celui qui s’intègre rapidement et qui fait faire du profit " vous diront certains producteurs. Cependant, un bon veau c’est bien plus que ça. Il faut au moins que les veaux soient castrés, écornés, vaccinés et sevrés.
- CASTRÉS
- Les veaux sont, pour la quasi-totalité, castrés avant l’arrivée au parquet d’engraissement. On note cependant un certain nombre de veaux ayant subi une mauvaise castration et qui devra probablement être à refaire. Les veaux non castrés et trop vieux produiront une viande moins tendre.
- ÉCORNÉS
- Près de 83 % des veaux sont écornés à un moment ou l’autre de leur vie. À peine un peu plus de deux veaux sur dix seront écornés par le producteur vache-veau avant l’entrée au parquet d’engraissement.
- Les animaux non écornés peuvent engendrer bien des problèmes autant pour eux-mêmes que pour les autres. Les animaux vont s’endommager mutuellement avec leurs cornes et s’infliger des blessures plus ou moins sérieuses. Les problèmes peuvent aller de la simple contusion à la condamnation partielle ou totale et même jusqu’à la mort de l’animal.
- VACCINÉS
- Plus de 92 % des veaux reçoivent au moins un vaccin. Cependant, à peine 1 veau sur 40 sera vacciné avant d’arriver au parquet (2,5 %) selon Bœuf Qualité Plus.
- Les animaux prévaccinés seront beaucoup plus susceptibles de bien performer. Ceux non vaccinés ont plus de chance d’être malades et d’avoir de moins bonnes performances.
- SEVRÉS
- Seulement 19 % des veaux étaient sevrés lors de l’entrée au parquet d’engraissement selon l’étude BQP.
- Les animaux sevrés et déjà habitués de consommer des fourrages auront une bonne longueur d’avance sur les animaux non préconditionnés.
Plus les traitements douloureux sont administrés tôt dans la vie de l’animal, moins l’impact est important. Un seul passage pour les traitements est mieux pour les animaux car il n’y a qu’une seule occasion de stress.
Une bonne alimentation
Il faut débuter une bonne alimentation en ayant de bons ingrédients. Il est important, pour que les animaux performent bien, de leur fournir des aliments savoureux et de qualité. Des aliments avec une appétence limitée seront moins appréciés et il faudra les mélanger avec d’autres plus savoureux. Lorsque les aliments sont moins frais ou plus détériorés, la valeur nutritive de ceux-ci diminue grandement et peut occasionner certains problèmes. Il est important de faire analyser les ingrédients pour connaître leur teneur en matière sèche, en protéine, en énergie et en minéraux. En faisant analyser les ingrédients, la ration devrait être beaucoup plus juste. En connaissant la matière sèche des ingrédients et, par le fait même, de la ration servie, elle permettra de connaître si la consommation des animaux est juste. Il faut tenir compte des écarts de consommation avec les écarts de température; une température plus froide va nécessairement faire augmenter la consommation des animaux.
Il est important de bien mélanger les aliments pour que la ration soit uniforme. La proportion des animaux recevant une ration faite à l’aide d’un mélangeur avec balance est de plus de 80 %. Il est aussi recommandé de faire des analyses de la ration au moins trois à quatre fois par an pour vérifier si les proportions des ingrédients sont justes et répondent aux besoins des animaux.
Il faut aussi faire un programme alimentaire balancé pour maximiser les performances animales tout en limitant les coûts au plus bas. Il est important de bien fournir les bons éléments pour en retirer de bonnes rations. Il faut donc avoir une bonne idée du poids moyen des animaux, de la teneur en matière sèche des aliments et des gains visés. Cependant, la ration la plus économique et la plus nutritive qui répond précisément aux besoins de l’éleveur ou celle qui produit le taux de gain le plus élevé, ne garantit pas nécessairement le meilleur rendement de l’investissement net.
Il faut toujours s’assurer d’introduire de nouveaux ingrédients en douceur, à raison de 0,5 à 1 kg par jour. Il serait aussi souhaité de soigner les animaux au moins à deux reprises dans la période la plus chaude pour permettre d’avoir des ingrédients frais le plus longtemps possible. De plus, le fait de repasser devant les animaux les incite à venir à la mangeoire de nouveau. Les animaux nourris plus d’une fois par jour consomment sensiblement la même quantité de matière sèche que ceux nourris qu’une fois par jour. Cependant, la fréquence des repas étant plus grande, les animaux mangent donc moins par repas ce qui occasionne moins de variation de pH dans le rumen et améliore les performances animales.
- LA CONSOMMATION VOLONTAIRE DE MATIÈRE SÈCHE (CVMS)
- La consommation volontaire de matière sèche en finition devrait se retrouver à près de 2,3 % du poids vif par jour. Selon le projet BQP, les animaux en finition de 500 kg (1100 livres) consommaient 11,5 kg de matière sèche par jour.
- L’étude du Projet Bœuf Qualité Plus révèle que la majorité des animaux consommaient plus de 11 kg par jour et avaient ainsi un gain de poids supérieur à ceux qui consommaient moins de 11 kg par jour. (Tableau 1)
- Elle ne devrait pas varier de plus de 1,75 kg par jour sinon il y a un problème. On peut s’attendre à une baisse de 1,5 % à 2 % du gain pour chaque baisse de 1 % de la CVMS.
- L’ÉNERGIE NETTE DE GAIN (NEG)
- La moyenne de NEg selon les calculs du projet BQP pour les mâles de 1100 livres en finition est de 1,26 Mcal/kg.
- Le gain moyen pondéré des animaux est de 2,67 livres par jour calculé par l’assurance-stabilisation avec une durée d’engraissement moyenne de 254 jours.
- Selon certaines études, en augmentant le gain de poids de 2,5 à 3 livres par jour, on réduit la durée de l’élevage de 275 à 221 jours (une différence de 54 jours) et on économise 24,51 $/tête en frais encourus pour soigner les animaux, machinerie, litière, salaires, intérêts à court terme sans compter l’économie d’aliment.
- En augmentant l’énergie de la ration, on augmente également le rendement en viande des animaux.
- En augmentant le gain des animaux, on diminue le nombre de jours d’engraissement (Tableau 2). Les animaux qui se retrouvent sous les 200 jours d’engraissement sont pour la plupart des semi-finis.
- On remarque une augmentation du persillage avec l’augmentation de l’énergie de la ration de finition (Tableau 3). Par contre, il peut en résulter une augmentation des animaux plus gras en ayant des rations plus hautes en énergie (Tableau 4).
- En diminuant le nombre de jours d’engraissement, le persillage est un peu moins bon (Tableau 5) mais le rendement en viande s’améliore (Tableau 6).
- LA PROTÉINE BRUTE
- La moyenne de la protéine brute pour les producteurs rencontrés dans le cadre du projet BQP est de 12,2 %, mais il est préférable que le taux de protéine soit supérieur à 12,5 %, particulièrement avec des implants contenant de l’acétate de trenbolone.
- Pour chaque tranche de 1 % de protéine supérieure à la demande, le coût du gain de poids peut augmenter de ¼ ¢ à ½ ¢ par livre. Par contre, un manque de protéine peut coûter beaucoup plus cher, car le gain de poids et l’efficacité seraient diminués.
- Il est recommandé de varier les sources de protéine pour étaler la disponibilité de la protéine sur une plus longue période. Une seule source de protéine limite l’efficacité de l’énergie car celle-ci ne pourra pas être utilisée à sa pleine capacité.
- Les animaux de petite ossature atteignent leur limite de dépôt protéique autour de 200 à 250 jours d’âge tandis que les animaux de grande ossature l’atteindront entre 350 et 400 jours d’âge. Pour des animaux à prédominance exotique, la protéine dégradable devrait être de 55 % à 400 kg et de 70 % à 500 kg.
- L’urée peut être utilisée pour augmenter la protéine de la ration d’une façon très économique. Il y a cependant plusieurs points à vérifier pour maximiser l’utilisation de l’urée :
- Il faut habituer les animaux de façon graduelle et prendre de 5 à 7 jours pour l’inclure au taux maximum.
- Comme l’urée est rapidement dégradable, il faut avoir aussi une source d’énergie rapidement " fermentescible " (du maïs moulu).
- Faire attention de ne pas utiliser le produit contenant de l’uréase (fève de soya brute ou non traitée) en même temps que de l’urée car il y a des risques de toxicité. Il y a des maximums à respecter :
- Maximum de la protéine totale de la ration provenant de l’urée : 33 %.
- Consommation maximum sur une base de matière sèche est de 1 % par jour mais on recommande généralement un maximum de 100 grammes par jour pour ne pas avoir de problème.
- Des ingrédients de haute qualité sont nécessaires avec l’utilisation de suppléments hauts en urée. Pour cette raison, des ingrédients très fibreux (paille, coton de maïs) ne devraient pas être utilisés avec de l’urée. L’utilisation de l’urée est maximisée avec des rations à haute teneur en énergie et à basse teneur en fourrage.
- L’urée devrait être mélangée de façon homogène.
- LES FIBRES ADF ET NDF
- Les niveaux de fibres ADF et NDF calculés selon les valeurs calculées du projet BQP sont de 13,2 % et 16 % respectivement.
- Il faut maintenir un minimum de fibres dans les rations de façon à ce que les animaux performent bien.
- Trop de fibres baissera la CVMS et les performances des animaux. Cependant, un manque de fibres apportera des problèmes métaboliques et également une baisse des performances.
- Il est recommandé de maintenir un minimum de fibres ADF de 10 % à 12 % pour les rations de finition hautes en énergie.
- LE GRAS
- Le taux de gras moyen pour le projet BQP est de 3,8 %. Le gras total devrait se situer sous les 5 % dans la ration.
- Trop de gras peut engendrer des problèmes de digestion en occasionnant un " effet savon " dans le rumen.
- Il faut augmenter le calcium (jusqu’à 30 % de plus) de la ration si on a des rations très hautes en gras car l’absorption du calcium est diminuée.
- LES MINÉRAUX MAJEURS
- Le calcium : L’apport moyen selon BQP est de 81 grammes par jour. Les besoins minimums étant de 45 à 60 grammes par jour en période de finition, ils sont donc en moyenne rencontrés.
- Le phosphore : L’apport moyen est de 46 grammes. Les besoins minimums étant de 30 grammes par jour en période de finition, ils sont donc en moyenne rencontrés.
- Le ratio calcium : phosphore (Ca : P) est important et doit se retrouver entre 1,5 : 1 à 2 : 1. La moyenne calculée selon les données recueillies pour le projet BQP est de 1,78 : 1, ce qui est très bien équilibré. Un ratio trop bas (1 : 1) peut engendrer des problèmes de calculs urinaires.
- LES MINÉRAUX SECONDAIRES
- Le magnésium calculé est à 24 grammes par jour selon l’étude de BQP et il rencontre les besoins.
- Le potassium calculé selon les valeurs de BQP est à 100 grammes par jour et rencontre les besoins.
- Le chlore calculé est à 32 grammes par jour et rencontre les besoins.
- Le sodium calculé est à 17 grammes par jour et rencontre les besoins.
- LES VITAMINES
- La teneur moyenne ajoutée en vitamine A calculée selon les résultats recueillis par le projet BQP est de 41 374 UI par jour et ne rencontre que le strict minimum des besoins. Idéalement, il faudrait se retrouver plus près de 60 000 UI par jour en vitamine A.
- La teneur moyenne en vitamine D ajoutée est, quant à elle, à 6914 UI par jour. Les besoins étant à 6000 UI par jour, l’apport moyen répond à la demande. Un manque de vitamine D entraîne une diminution de l’absorption du calcium.
- La teneur moyenne en vitamine E ajoutée selon l’étude BQP est à 355 UI par jour et ne rencontre pas les besoins pour le Projet Vitamine E. Un apport quotidien de 500 UI de vitamine E ajoutée pour les 100 derniers jours d’engraissement des animaux est nécessaire pour adhérer au Projet Vitamine E. Cela contribue à améliorer la concentration de vitamine E dans la viande, ce qui améliore sa couleur, sa stabilité et sa longévité sur les tablettes. Une prime de 3 $ par animal est attribuée lorsque le producteur répond aux exigences du Projet Vitamine E.
- Selon l’étude BQP, près de 70 % des animaux en 1999 étaient sur le Projet Vitamine E.
- Des niveaux élevés en vitamine E (500-800 UI/jour) pour les premiers 30 jours peuvent augmenter la résistance aux maladies pour les veaux stressés. De plus, un supplément de vitamine E pour les animaux stressés ou en période de finition peut être très bénéfique.
Bonnes habitudes d’élevage
- TRAITEMENTS DES ANIMAUX
Les traitements des animaux doivent souvent être faits le plus tôt possible lors de l’entrée au parquet d’engraissement des animaux s’ils n’ont pas été faits auparavant. Il faut toujours respecter la prescription du vétérinaire.
- La vaccination
- L’utilisation de vaccins, au moins 14 jours idéalement 21 jours avant l’entrée au parquet, améliore les performances des animaux. À peine 2,5 % des animaux sont vaccinés avant l’entrée au parquet, tandis que près de 91 % des animaux ont été vaccinés lors de l’entrée au parquet.
- La recommandation minimale est un vaccin contrôlant les quatre agents suivants : BRSV, BVD, IBR et PI3. La majorité des animaux ayant reçu ces quatre souches ont reçu un vaccin vivant (57 %) contre seulement 38 % pour des vaccins tués. On remarque aussi que 37 % de ces animaux ont reçu un rappel. Il faudrait également inclure un vaccin contre l’Haemophilus Somnus avant l’entrée au parquet d’engraissement.
- Ne pas mélanger différents vaccins ou antibiotiques dans la même seringue :
- Utiliser différents vaccins ou médicaments en contradiction avec l’étiquette peut diminuer l’efficacité de l’un ou l’autre des produits et peut causer des effets négatifs tels que des lésions au site d’injection et des résidus dans la viande.
- Les vermifuges
- Près de 91 % des animaux ont reçu un traitement contre les parasites lors de l’entrée au parquet. Cependant, il faut vérifier si les traitements englobent les parasites internes et externes.
- Les implants
- Une bonne stratégie d’implants s’impose pour tirer le maximum de rentabilité de ses animaux. Il faut avoir un minimum de jours entre les implants et surtout, respecter un nombre de jours minimum pour le dernier et particulièrement pour les implants avec acétate de trenbolone (TBA). Il est important de bien définir avec le vétérinaire le protocole d’implantation en tenant compte de la date d’abattage anticipée.
- Les implants sont utilisés sur 95 % des animaux selon les résultats du projet BQP. Il serait toutefois intéressant de vérifier la proportion d’animaux mal implantés. Il faut porter une attention particulière pour ne pas égratigner l’intérieur de l’oreille en posant l’implant. Il faut donc bien contentionner l’animal. Il est aussi conseillé de laver, d’assécher et de désinfecter les oreilles sales.
- L’utilisation d’implants et de stimulants de croissance pour la finition augmente généralement la consommation volontaire de matière sèche (CVMS) autour de 6 % et les gains de poids de 8 % à 12 %. Les implants sont un des outils les plus performants pour augmenter la productivité (jusqu’à 13 % plus de gain pour le même coût d’aliment) avec un petit coût d’implant (entre 2 $ et 6 $/implant).
- Pour avoir du succès avec un programme d’implantation, il faut avoir des rations alimentaires adéquates, une cédule d’implantation bien conçue et une bonne technique d’implantation.
- L’utilisation d’ionophores
- L’utilisation d’ionophores est très répandue. En effet, selon les résultats du projet BQP, plus de 94 % des animaux recevaient des ionophores. Les ionophores améliorent les gains de poids et/ou l’efficacité alimentaire.
- La très grande majorité des animaux ne recevaient qu’un seul ionophore (87 %) et ont fait des gains moyens de 2,71 livres par jour. Ceux qui n’utilisaient pas d’ionophores (6% des animaux) obtenaient des gains de 2,42 livres par jour. Une minorité des animaux (7 %) recevaient des ionophores en alternance et avaient des gains moyens de 2,79 livres par jour.
- LOGEMENT ET CONFORT DES ANIMAUX
- L’espace par animal
- Espace plancher par animal :
- En moyenne, les animaux sur un plancher plein ont 28 pieds carrés d’espace. Les recommandations sont de 28 à 30 pieds carrés d’espace par animal en période de finition.
b) L’espace plancher est important pour les performances des animaux. Ainsi, un espace trop petit peut être aussi problématique qu’un espace trop grand.
- Espace mangeoire par animal :
- Les animaux ont en moyenne 6,8 pouces d’espace de mangeoire en période de finition. Les recommandations sont de 8 pouces par animal en période de finition.
- Ces mangeoires ont en moyenne 23 pouces de largeur et 19 pouces de hauteur à la gorge de l’animal.
- Selon l’étude du BQP, il y a 78 animaux par abreuvoir. Cela est souvent suffisant mais il faut toutefois éviter d’aller à plus de 100 animaux par trou d’eau.
- Il est très important de nettoyer les abreuvoirs à tous les jours. Il faut également vérifier la pression et le débit d’eau.
- La gestion de la mangeoire
- Pour ce qui est de la gestion de la mangeoire, plus de la moitié des animaux (53 %) nettoient eux-mêmes leur mangeoire. C’est-à-dire que les producteurs laissent vider la mangeoire par les animaux de manière à réduire la manipulation d’aliments et la main-d’œuvre.
- Il faut s’assurer que les animaux aient accès à des aliments en quantité suffisante, de bonne qualité et savoureux.
- Il est aussi recommandé d’enlever les aliments non consommés régulièrement pour ne pas avoir de gaspillage et une baisse de la consommation.
- Le nettoyage des animaux
- Les animaux doivent être au sec et à l’abri de l’humidité. En nettoyant les animaux au moins 1 fois par semaine et en mettant suffisamment de litière, on s’assure d’un meilleur confort pour les animaux.
- Les animaux propres et secs profiteront mieux que les animaux sales et mouillés. De plus, la peau des animaux propres a une valeur supérieure.
- Selon les répondants au projet Bœuf Qualité Plus, les nettoyages se font à tous les 6,5 jours et l’épaisseur de litière apportée est de 2,9 pouces en moyenne. La grande majorité utilise du brin de scie.
- La manipulation des animaux
- Il faut réduire le stress des animaux dans chacune des manipulations au minimum. Après un période de stress, les animaux baissent leur consommation et leur gain pour une période plus ou moins longue en relation avec le stress reçu.
- Le nettoyage du parc entraîne une manipulation fréquente des animaux ce qui peut engendrer du stress chez ceux-ci. Il faut donc manipuler les animaux avec soin pour minimiser les sources de stress. Il serait important de faire les nettoyages après la période d’alimentation.
- Selon le projet Bœuf Qualité Plus, 15 % des animaux étaient manipulés avec un bâton électrique. Il faut proscrire toute utilisation du bâton électrique à outrance lors du chargement des animaux. La majorité des animaux (64 %) sont manipulés avec des cannes de plastique ou l’équivalent (bâton de hockey ou tuyau de plastique).
- AVANT L’ABATTAGE
- Le triage des animaux
- Lorsque les animaux sont finalement prêts pour l’expédition, il est recommandé de les trier le plus tard possible ou encore une semaine avant l’abattage. Ainsi, selon les répondants, la majorité des animaux (69 %) sont triés la journée même du chargement.
- Lorsqu’on sépare les animaux quelques heures avant le chargement, il faut s’assurer de le faire après l’alimentation des animaux pour diminuer le stress de la faim.
- Pour diminuer les problèmes de coupes sombres (B4), il faut séparer les mâles des femelles. Plus de 65 % des animaux, selon le projet BQP, étaient dans des parcs séparés selon le sexe. Il ne faut pas mélanger des groupes d’animaux qui n’étaient pas ensemble car une nouvelle hiérarchie va s’installer.
- Le temps de jeûne des animaux
- Selon l’étude de BQP, près de 54 % des animaux ne subissaient aucun jeûne et 38,5 % avaient moins de 4 heures de jeûne avant le chargement pour l’abattoir. Tout manque ou changement dans l’alimentation, surtout dans les derniers jours, peut influencer grandement le taux de coupes sombres. Il est donc préférable de nourrir les animaux pleinement et jusqu’au chargement de manière à réduire les sources de stress qui pourraient occasionner des coupes sombres.
- La très grande majorité (96,2 %) des animaux avaient accès à de l’eau jusqu’au chargement pour l’abattage.
- PRÉVENIR LES PERTES DU 5E QUARTIER
- Diminuer les lésions aux sites d’injection
- Selon les répondants du projet BQP, les animaux reçoivent d’abord des injections dans le cou (92,5 %). Par contre, lorsque les animaux reçoivent des injections dans un 2e site, la fesse est privilégiée sur 68 % des animaux. Il faut donc tout de suite changer cette mauvaise habitude car les pertes, dues aux injections dans les fesses, peuvent être très élevées.
- Il faut minimiser les lésions causées par les injections. Les pertes moyennes sont de 9,79 $ par tête sur l’ensemble des animaux selon l’étude (Quality Starts Here) faite par la Canadian Cattlemen’s Association. La perte de rendement en viande peut dépasser 4,5 kilos par tête.
- Les causes de dommages sont multiples :
- Aiguille souillée ou courbée.
- Mauvaise administration.
- Dosage excessif dans un seul site.
- Immobilisation inadéquate des animaux.
- Utilisation d’un produit hors prescription.
- Que faire pour diminuer les lésions aux sites d’injection :
- Utiliser des aiguilles propres et les changer toutes les 10 – 15 utilisations.
- S’assurer que le site d’injection est propre.
- Bien immobiliser l’animal avant l’injection. Prendre le temps de bien faire les choses.
- Administrer les injections dans le cou si la prescription l’autorise.
- Administrer les injections sous-cutanées si la prescription l’autorise.
- Injecter moins de 10 cc par site d’injection et distancer les sites d’injection de plusieurs centimètres.
- Respecter la prescription vétérinaire.
- Ne pas mélanger différents vaccins ou antibiotiques dans la même seringue.
- Administrer toutes les bactéries Clostridia sous-cutanées. Éviter les injections multiples de bactéries Clostridia, spécialement en période de finition.
- Bien suivre la période de retrait et conserver les données.
- Pour les injections intramusculaires (IM), les administrer droite et profonde.
- Pour les injections sous-cutanées (SC), bien tirer la peau et injecter dans un angle en s’assurant d’être bien sous la peau et non dans un muscle.
- Diminuer les contusions (meurtrissures)
- Il faut porter une attention pour diminuer les contusions car selon l’étude " Quality Starts Here ", des contusions sont présentes sur 78 % des animaux et elles représentent des pertes monétaires moyennes de 3,92 $/animal sur l’ensemble total des animaux.
- Elles sont causées par des points de contact communs (clôtures, murs, bouts de métal, clous, etc.) et les cornes :
- Les cornes endommagent généralement les longes.
- Les contusions arrières (ronde) sont souvent causées dans le transport particulièrement si le camion est trop chargé ou pas assez chargé.
- D’autres facteurs ont aussi été associés aux contusions retrouvées sur les carcasses :
- L’entreprise de transport.
- Le type de véhicule utilisé.
- La densité du chargement.
- Le tempérament.
- La distance parcourue.
- Le temps passé dans le véhicule.
- Le temps d’attente.
- Diminuer les pertes de foie
- Les foies sont généralement condamnés à cause d’ulcères. Les ulcères du foie sont causés par un changement trop rapide à une ration haute en grain ou une mauvaise gestion de la mangeoire.
- Les pertes moyennes sont de 5,31 $/tête sur l’ensemble total des animaux selon une étude de l’Alberta (Quality Starts Here). Seulement 70 % des foies ont été approuvés pour la consommation humaine, les autres étant déclassés pour la consommation animale ou simplement condamnés.
- Les coûts reliés aux ulcères du foie :
- Lorsqu’il y a des ulcères, le foie fonctionne moins bien. Il y a donc une diminution du gain de poids et des performances qui peuvent entraîner facilement une perte monétaire de 50 $ à 60 $ par tête.
- Une baisse de rendement en viande jusqu’à 1,4 % peut être causée par une présence sévère d’ulcères du foie.
- La perte totale ou partielle du foie représente entre 8 $ et 10 $.
- Avoir une meilleure gestion des changements de rations.
- Avoir une meilleure gestion de la mangeoire.
- Ajouter du Tylan dans la ration.
- Diminuer les souillures
Les souillures ou la boue et les fèces sur les carcasses constituent à la fois un problème de qualité et de salubrité. Pour les abattoirs qui sont en processus de devenir HACCP, les souillures sont une crainte constante.
- Les souillures endommagent la peau et entraînent des difficultés à l’abattage en raison du risque de contamination de la carcasse durant l’opération du retrait de la peau. Il faut donc réduire la chaîne d’abattage de 10 % à 20 % ou placer plus de personnel, ce qui occasionne des frais aux abattoirs.
- Il faut réduire au maximum les souillures pour améliorer la qualité et la bio-sécurité de la viande. Pour ce faire, il faut avoir suffisamment de litière pour garder les animaux au sec et porter une attention pour ne pas surcharger les parcs d’animaux.
- Selon l’étude " Quality Starts Here ", 34 % des animaux présentaient des souillures et les pertes encourues sont de 1,21 $/tête sur l’ensemble des animaux.
L’amélioration du bœuf que nous mangeons se fait à plusieurs niveaux. Déjà, on note une bonne amélioration des carcasses qui classent. En effet, entre 1998 et 2000, le pourcentage d’animaux qui classent est passé de 96,5 % à 97,6 %. C’est donc seulement 2,4 % des animaux qui déclassent présentement. Cela peut sembler bien peu, mais c’est tout de même un animal sur 42 qui déclasse soit près d’un animal par voyage en moyenne. Il y a donc encore du chemin à faire.
Il faut de plus tenir compte du 5e quartier. Il faut éliminer les lésions aux sites d’injection en adoptant de bonnes pratiques d’injection. Il faut diminuer les contusions, les pertes (foie, tête et langue), les souillures et les cornes. Tous ces facteurs sont importants autant pour le producteur et l’abattoir que pour la confiance des consommateurs.
Les lésions aux sites d’injection sont des facteurs critiques pour toute l’industrie, non seulement pour la perte de production (par le stress) et la perte de rendement en viande, mais surtout pour la perception des consommateurs sur la qualité de la viande.
Il faut prendre conscience que les gestes posés tôt dans la vie de l’animal peuvent se répercuter bien longtemps après. En réfléchissant sur les méthodes de travail choisies, on peut diminuer les problèmes ultérieurs potentiels.
Les méthodes de productions devront être uniformisées pour faire un produit de haute qualité avec une meilleure constance.
C’est en continuant de s’améliorer qu’on peut devenir plus performant. En produisant des animaux de qualité, nous allons améliorer le bœuf que nous vendons et que nous mangeons. Le bœuf consommé étant meilleur, il sera plus apprécié et ainsi plus en demande.